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Acolyance invente le pool bancaire

Patrick Salomé, responsable de la mise en marché des céréales (à gauche) et Jean-Pierre Cochet, DG d'Acolyance, prochainement à la retraite. « Ce système nous donne une plus grande visibilité. »C. URVOY

La coopérative a réuni plusieurs banques au sein d'un pool pour disposer d'une réserve financière permanente, notamment pour prendre des positions sur le Matif.

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«Début 2011, nous avons connu un contexte de gestion des marchés des céréales un peu compliqué en raison de la grande volatilité des prix », rappelle Jean-Pierre Cochet, directeur général d'Acolyance qui passe le relais ce mois-cià Pascal Bailleul. « Ceci a eu pour conséquence une augmentation des montants de garantie à déposer dans l'urgence, sur un compte bloqué, chaque fois que nous prenions des options sur le Matif. Il nous est arrivé de devoir trouver 2 M€ en une nuit ! Cela devenait un nouveau poste à financer avec une importance sans précédent. Sur la campagne 2010-2011, 15 M€ ont été nécessaires. »

Quatre banques

Pour disposer d'un financement à portée de main et ne plus devoir négocier avec les banques pour chaque opération, Acolyance a alors l'idée de constituer un pool de banques qui seraient capables de lui garantir une réserve constante correspondant aux besoins d'une campagne. Cinq sont contactées : Crédit Agricole, BECM (1), Caisse d'Epargne, Groupama Banque et la Société Générale. Pour ces banques, la demande est inédite, en tout cas dans le monde des organismes stockeurs. « Cela n'a pas été simple, souligne Jean-Pierre Cochet. D'une part, les banques ne connaissent pas forcément le Matif et ont eu, de ce fait, du mal à comprendre que la variation de notre besoin de financement à ce niveau pouvait être importante, constituant ainsi un gros risque pour nous. Et d'autre part, elles n'ont pas la même culture, ni l'habitude de travailler ensemble. »

Ce pool bancaire, opérationnel depuis le 1er juillet 2011, assure à Acolyance une capacité de financement de 160 M€ dont 40 M€ pour le Matif. L'enveloppe restante est destinée à financer les mobilisations sur les stocks, les avances à l'hectare faites aux agriculteurs juste après la récolte, le fonds de roulement et un peu de trésorerie. « Le Crédit Agricole est le chef de file. Il réceptionne nos ordres et dispatche la demande entre les banques, selon le prorata défini dans l'accord signé avant chaque début de campagne. » Pour 2012-2013, le Crédit Agricole assurera 45 % de l'enveloppe totale et de chaque ligne de crédit, la Caisse d'Epargne et la BECM 20 % chacune et Groupama Banque 15 %. La Société Générale vient de quitter le pool. « Pour obtenir cette réserve, nous avons dû présenter des ratios financiers suffisamment solides. »

Transparence obligée

Un reporting sur l'utilisation de la réserve est également adressé au pool chaque mois. « Cette réserve disponible pour la campagne nous donne une plus grande visibilité en matière de fonctionnement, assure Jean-Pierre Cochet.Les prêts obtenus grâce au pool bancaire nous coûtent un peu plus cher que lorsque nous négocions au cas par cas avec les banques. Mais tous les avantages acquis constituent pour nous une assurance indispensable vu le comportement desmarchés. Notre crédibilité vis-à-vis de nos fournisseurs se renforce également, surtout en temps de crise. » Ce système simplifie également les démarches avec les banques. « Cette première année de fonctionnement n'a pas mis en évidence d'éléments importants à modifier, peut-être aussi parce que les marchés étaient relativement tranquilles. »

« L'instauration de ce pool a induit de nouvelles relations banques-coopérative. Il implique en effet une certaine transparence entre les banques, ce qui va à l'encontre de leurs habitudes. Mais à l'avenir, plus on vivra des situations à forte variabilité et plus on sera obligé de jouer cette transparence pour être crédible », conclut Jean-Pierre Cochet.

Chantal Urvoy

(1) Banque de l'économie, du commerce et de la monétique, filiale du Crédit Mutuel.

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